Glissement de terrain en Suisse
Les glaciers se retirent et déstabilisent les montagnes c’est pourquoi on observe des éboulements, tels que celui de Bondo (Grisons) en fin d’été. Malgré qu’il s’agisse d’un phénomène tout à fait naturel, le réchauffement climatique en accentue les effets.
À Moosfluh (VS) le terrain glisse de quelques millimètres par jour à cause du recul du glacier d’Aletsch. Le glacier s’est retiré de 3 kilomètres en 150 ans. Ici, la cause du mouvement de terrain est le glissement, ponctuel ou permanent. Le glissement permanent est observable continûment sur le long terme. Il est déclenché par des infiltrations et par les eaux souterraines qui provoquent un mouvement sur les pentes, où le matériel rocheux meuble risque d’être impliqué. Le glissement ponctuel est un mouvement soudain et rapide qui se vérifie en absence de surface de glissement, notamment sur des pentes assez raides. Cela peut causer des coulées de boue et de terre qui mettent en danger les personnes, ainsi que les établissements humains ; d’autant plus que les précipitations abondantes augmentent l’imprévisibilité de ces événements.
Il y a trois sortes de mouvement de terrain : l’éboulement, qui dépend de la nature de la roche ; le glissement de terrain –comme celui observé à Aletsch– ; et le mouvement du pergélisol (le terrain superficiel) qui, normalement, reste gelé toute l’année. Cependant, le pergélisol est actuellement déstabilisé par le réchauffement climatique.
Chaque site est mis sous surveillance constante, équipé, en l’occurrence, selon sa situation particulière. Un apparat de caméras, géophones pour enregistrer les tremblements du sol et appareils qui mesurent l’inclinaison de la roche a été mis en place. Il est également possible, avec les satellites, de voir lorsque les montagnes bougent. Les données sont ensuite envoyées à Berne pour qu’elles soient analysées. Par la suite, il est éventuellement décidé d’intensifier le contrôle dans certaines zones. Le but de ce système complexe est de prévoir de nouveaux glissements de terrain.
L’accident de Bondo (GR) a sensibilisé la Suisse au mouvement naturel du sol qui se fait au jour le jour, mais qui est actuellement accéléré par le réchauffement climatique. En août, le petit village dans la vallée Bregaglia avait été submergé par une soudaine coulée de boue et de terre descendue du Piz Cangalo, causée par le dégel du pergélisol. L’hydrogéologue Gérald Favre explique que la glace fond dans les fractures, entre les interstices de la roche, et finalement ces roches fluent dans les vallées.
Photo parue sur Ticinonews, article « Bregaglia, ci sono 8 dispersi », le 24 août 2017
Deux mois après l’éboulement, quelques-uns des 160 habitants ont fait leur retour à Bondo. Samedi, le 14 octobre, l’état-major leur a laissé libre choix : ceux qui le désiraient pouvaient rentrer chez eux. Entre-temps, l’eau et l’électricité avaient été rétablies. Une voie d’accès au village et un pont provisoires ont été également garantis. Les opérations pour la mise en sécurité continuent néanmoins : restant encore 1,5 millions de mètres cubes de roche instable, la région est toujours sous menace, même si, à court terme, elle ne risque pas d’autres éboulements.
Tiziana Censi, Reporter Climatique